Je vais raconter une petite histoire personnelle qui m’a un peu remué il y a quelques mois.
Je préviens d’avance sur les thèmes abordés : problèmes familiaux et communication infructueuse.
Pour faire un rapide résumé de ma situation :
Je suis séparé de mon mari depuis environ 2 ans.
C’est encore assez récent et nous sommes dans un cas un peu particulier, parce que nous sommes restés en bons termes et nous avons décidé de vivre en colocation pour le moment pour pouvoir continuer à élever notre enfant sereinement sans devoir courir pour la garde partagée ou nous mettre en difficulté financière si on devait avoir deux logements différents.
Bref, on en a longuement discuté ensemble et réfléchi pour prendre la meilleure décision sur le court-moyen termes pour nous, pour l’instant.
Je sais que c’est une situation peu commune et cela a déstabilisé plus d’un de nos proches lorsqu’on l’a annoncé. J’en parlerai plus en détails dans un autre billet.
Un soir, mon ex revenait de chez ses parents et il m’a rapporté la conversation qu’il avait eu avec eux. Il était assez bouleversé et m’a confié être quelque peu déçu de leur réaction, surtout vis à vis de moi.
Pour eux, notre séparation n’était pas correcte et que j’étais certainement coupable de malhonnêteté envers lui. Que cette situation ne pouvait pas se résoudre si nous continuons à vivre sous le même toit.
Il a même dû défendre mon intégrité et tenter de leur expliquer à plusieurs reprises que le choix nous incombait et que nous appréciions le nouvel équilibre qu’on avait construit après notre séparation.
J’étais blessé qu’on puisse m’accuser, voire insinuer que j’avais été infidèle —pour ce que cela signifie et selon les valeurs de chacun— mais ce qui me faisait le plus mal, c’était que ses parents fissent semblant de m’apprécier et faire comme si de rien n’était lorsqu’ils venaient nous rendre visite. C’était même insupportable pour moi. C’est le genre de comportement que je considère à l’exact opposé de mes valeurs et de comment je conçois mes relations.
Je n’ai aucun problème à ce qu’on puisse ne pas m’apprécier, ou qu’on n’ait pas d’atomes crochus. Juste, qu’on agisse comme des adultes responsables, qu’on ne s’impose pas à perdre mutuellement notre temps à faire semblant de s’apprécier. Je n’ai clairement plus l’âge, ni le temps, ni la patience pour de tels comportements.
Quoi qu’il en soit, après cet épisode, j’ai limité mes rapports avec les parents de mon ex en connaissance de cause. D’eux-même, j’ai remarqué qu’ils évitaient la moindre interaction avec moi. Je crois qu’ils n’avaient pas conscience que leur fils et moi gardaient une communication limpide et qu’il me rapportait leurs médisances.
Je n’avais aucune raison d’avoir une dent contre eux, et cela était d’autant blessant que je n’avais rien fait de « mal » à mes yeux, pour leur nuire.
Si ce n’est détruire leur conception du schéma d’un mariage parfait, quoi que cela puisse représenter à leurs yeux.
Je laissais mon ex gérer les vacances scolaires avec ses parents, puisque qu’ils réclamaient la présence de leur petit enfant. Tant qu’ils s’organisaient et étaient d’accord entre eux, je n’avais rien contre. Sa famille, sa communication.
Une semaine ou deux, selon ce qui était prévu, cela nous permettait également de souffler, tout le monde était content.
Après les vacances de début d’année, mon ex récupère notre enfant de chez ses parents, et il rentre quelque peu échaudé. Sa mère l’avait submergé de questions à mon sujet. Elle était remontée parce qu’elle avait appris de la bouche de notre enfant que j’étais enceinte d’un autre homme et elle cherchait à avoir des informations sur ma vie privée. Je ne leur en avais pas parlé pour une bonne raison, et ce genre de réaction m’a totalement conforté dans ce choix.
La raison première de sa réaction était l’inquiétude pour le bien-être de son fils, comment il le vivait et s’il avait du ressentiment vis à vis de moi. Ce que je peux comprendre, mais elle s’est insurgée du peu de détails qu’elle a eu de ma vie privé par l’intermédiaire de notre enfant, et mon ex a rapidement coupé court à la conversation en lui expliquant qu’il était au courant et que cela ne la regardait pas.
Lorsqu’il m’a raconté ce qu’il s’était passé, j’étais en colère qu’elle réagisse de la sorte et qu’elle utilise notre enfant pour nourrir sa soif d’informations.
C’est moi qui avait déposé notre enfant chez eux pour le début des vacances, et j’y étais resté toute la journée pour ne pas partir comme un voleur. Elle aurait eu le temps de me questionner directement. J’aurais été en droit de garder certaines informations confidentielles, notamment ma grossesse qui était encore récente, mais soit.
Je n’ai aucun problème à me livrer et répondre à des questions, par contre qu’on y apporte un jugement comme elle a pu le faire, ça, je n’apprécie pas. Comme on dit sur internet : on ne nourrit pas les trolls. Moi, je ne nourris pas les gens qui s’amusent à casser du sucre sur le dos des autres. Surtout si c’est pour s’inventer des histoires farfelues et se monter la tête en m’accusant de tous les maux.
Plusieurs semaines et mois s’écoulent.
Pour donner un peu plus d’éléments de contexte, je suis quelqu’un de très bavard, pour peu qu’on ait des centres d’intérêts communs. J’ai grandi dans une famille où la communication était quasi-inexistante, ayant vu les zones d’ombres et les problèmes que ça peut engendrer dans un tel environnement, j’ai tenté d’instaurer le contraire dans mon propre cadre familial. Curieux de nature, j’ai tendance à demander à mon enfant comment s’est passé ses vacances, ce qu’il a fait, ce qu’il a aimé, etc. Tout comme cela m’arrive régulièrement de lui demander ce qui se passe à l’école, et sur quels exercices ils travaillent, ou comment ça se passe avec ses camarades de classe.
Dans l’espoir d’instaurer un foyer où chacun se sente en sécurité pour aborder n’importe quel sujets de conversation, quelle qu’il soit.
Un jour, sans prévenir, mon enfant vient me voir et me raconte une scène qui a eu lieu pendant les vacances chez ses grand-parents.
Lorsqu’il allait prendre sa douche et qu’il s’est déshabillé, sa grand-mère a aperçu qu’il avait une cicatrice dans le bas du dos, et l’a interrogé.
Il lui a répondu qu’il s’était gratté et que ça avait fini par saigner.
Ce à quoi, elle aurait rétorqué que c’était certainement moi à l’origine de sa cicatrice, et que c’était parce que je ne l’aimais pas. Il a répété que c’était lui qui se grattait mais sa grand-mère ne l’a pas cru. Il avait l’air pris d’une certaine détresse en me racontant qu’on ne le croyait pas.
J’étais sous le choc.
Cette anecdote sortait de nulle part.
Un enfant de 7 ans peut interpréter, comprendre et restituer maladroitement, mais les détails étaient tellement précis que je ne savais pas quoi en penser.
Avec l’antécédent de ce que m’avait raconté mon ex, cela ne m’étonnait pas mais ça restait choquant et extrêmement blessant.
Quoi qu’il en soit, on devait avoir une discussion parce que cela remettait en cause également les intentions de la grand-mère.
À mes yeux, c’étaient des accusations extrêmement graves, si elles étaient avérées.
On en a également discuté très sérieusement avec notre enfant, qu’on a décidé de croire tant qu’on n’avait pas une autre version des faits.
Cela arrive à une période un peu compliquée.
Mon ex est débordé professionnellement pour au moins 2 mois.
Je le laisse contacter sa mère pour tenter d’avoir quelques débuts de réponses. Sans réel succès. Elle lui a quand même écrit :
« Je suis ta mère, tu me crois quand même ? »
Ce à quoi, il a préféré ne pas répondre, et après en avoir discuté avec moi, il m’a avoué qu’il la croyait capable de mentir.
Il explique à ses parents qu’il n’aura pas le temps pour régler cette affaire, pas avant juillet-août.
De mon côté, cela me travaille énormément. J’attends des éclaircissements.
Je suis outré, en colère, j’essaye de comprendre ce que j’ai fait pour mériter un tel traitement. En plus de 10 ans de relation avec mon ex, je ne me suis jamais embrouillé avec mes beaux-parents. Je me demande quelles sont les motivations de la grand-mère, pourquoi un tel virement et dans quel but elle fait ça. Est-ce qu’elle mesure la gravité de tels propos ? Je suis dans l’incompréhension et le flou total.
Juillet est encore loin mais nous avons tendance à nous organiser bien à l’avance. Il était convenu que notre enfant passe les vacances d’été chez ses grand-parents mais avec les derniers événements, il m’est inconcevable de faire comme si de rien n’était. C’est un problème beaucoup trop important pour être ignoré, en tout cas pour moi.
Je prends l’initiative d’envoyer un mail, surtout adressé à la grand-mère, pour lui expliquer la situation et à quel point je suis déçu.
Je préviens que tant qu’on ne discutera pas de ce sujet de vive voix, on ne pourra pas leur confier notre enfant comme c’était prévu.
J’envoie mon mail fin mai, ce qui laisse largement le temps de trouver une solution avant juillet.
J’y exprime une certaine colère, j’en explique la raison, mais je laisse également la place aux explications. Ce que je cherche avant tout, c’est l’ouverture d’un dialogue pour régler ça de manière réfléchie, quitte à dissiper un énorme malentendu et quiproquo.
Aux vues des jeux de non-dits, des rapportages et des messes basses qui peuvent se dire dans le cercle familial, je décide de me protéger comme je peux avec cette trace écrite et je mets toute la famille de mon ex en copie.
J’ai pas froid aux yeux et je pense bien faire.
C’est une précaution de ma part, parce que je ne souhaite pas que mes propos soient déformés. Si on doit me reprocher quelque chose, c’est ma propre maladresse dans l’emploi des mots que j’ai pu utiliser en m’exprimant.
J’essaye de rester le plus cordial possible, mais c’est une discussion en réel et une résolution du problème que j’exige. À défaut, une réponse par mail pour pouvoir entamer un dialogue plus posé, voire dégrossir les traits pour préparer le terrain.
Pour moi, le problème est plus profond que juste « un enfant qui raconte n’importe quoi pour attirer l’attention de ses parents ».
Et s’il s’avère que c’est notre enfant qui a menti depuis le départ, c’est également à nous de faire le nécessaire pour que cela ne se reproduise plus, et essayer de comprendre pourquoi il fait ça.
Entre temps, un après-midi, sans prévenir, la famille de mon ex se rend sur son lieu de travail, pile pendant la période où il était le nez dans le guidon, malgré qu’il ait prévenu ses parents qu’il n’aurait absolument pas la bande passante. Pris au dépourvu par l’appel de sa famille, et ayant quelques scrupules à les faire rentrer bredouille après qu’ils aient fait une bonne heure de route, il va à leur encontre à contre cœur.
Ses parents ainsi que sa sœur sont allés le voir pour lui poser des questions à mon sujet, et lui ont fait part de leur ressenti en disant que j’avais été violent dans mon mail, qu’ils s’étaient sentis attaqués. Ils ont ensuite fondu en larmes devant lui, expliquant qu’ils le vivaient très mal.
Ils se sont inquiétés pour son état à lui, en lui proposant leur aide s’il était dans le besoin. Il leur a gentiment expliqué que c’était à moi qu’ils devaient s’adresser, et c’est exactement ce que j’aurais souhaité.
Lorsqu’il est rentré pour me rapporter les événements, j’étais atterré de leur méthode pour régler la situation. Il m’était impossible d’ouvrir un canal de dialogue, ni même d’envisager une possibilité de dissiper ma maladresse parce que s’il y avait une attaque, c’était simplement la grand-mère que je ciblais, et non toute la famille. Certes, le mail était adressé à tout le monde, mais je précisais dans le contenu que c’était par transparence.
Je ne me sentais pas de les contacter une seconde fois, alors que j’avais déjà fait un premier pas, et que de leur côté ils avaient choisi de m’éviter en préférant passer par un intermédiaire, sans se questionner sur la position dans laquelle cela pouvait le mettre.
Réagir à chaud sur leur méthode que je considérais sournoise, était vraiment une mauvaise idée. Dans les faits, j’aurais pu être « violent » en les accusant de manipuler leur fils pour les rallier à leur cause, de pointer qu’ils se victimisaient alors qu’à la base, c’était moi qui avait été la cible d’attaques.
Cela n’apportait rien à la situation, j’ai préféré me contenir et patienter.
Les jours passent, et mis à part le peu d’informations que m’a rapporté mon ex, je n’ai toujours pas de réponse à mon mail.
Une date est fixée mi-juillet pour une rencontre en face à face, et par soucis de « neutralité » ils décident qu’il y aura toute la famille réunie pour me confronter et discuter de ce sujet, c’est à dire : les parents âgés de plus de 70 ans, la sœur de plus de 45, le frère de mon ex de plus de 50 ans, et mon ex de plus de 40 ans. Et moi, du haut de mes 30 et quelques années. Cela ne leur a pas traversé l’esprit que je puisse me sentir intimidé dans ce cadre.
Je n’ai pas vraiment eu le luxe de refuser, je me suis fais à l’idée que ce serait la seule occasion de démêler cette histoire et probablement la dernière. Mon ex appréhendait la rencontre et ne se faisait aucune illusion, il m’avait annoncé d’avance que cela se passerait mal.
De mon côté, je ne peux que préparer ma défense et faire en sorte de dire tout ce que j’ai sur le cœur pour repartir plus léger, mais je garde un très maigre espoir qu’il soit possible de dissiper le malentendu.
Le jour fatidique arrive enfin.
Les faits rapportés sont décousus et je m’en excuse d’avance, mes souvenirs sont confus par les émotions que j’ai pu ressentir et l’enchaînement des événements qui m’ont quelque peu perturbé.
On a eu une longue discussion houleuse parce que je ne comprenais pas leur manière de faire les choses.
Les grand-parents expriment qu’ils n’ont pas pu dormir convenablement tellement cette histoire les avait travaillés, ce à quoi je leur ai demandé pourquoi ils n’avaient pas pris la peine de me contacter plus tôt pour soulager leur sommeil, et surtout que je ne pouvais pas deviner ce qu’ils ressentaient s’ils ne m’en faisaient pas part. Mon mail n’a pas été rédigé dans le but de les tourmenter, au contraire, et en plus de cela, moi-même j’aurais souhaité pouvoir soulager mon esprit durant ces derniers mois.
La grand-mère a répété à plusieurs reprises, les larmes aux yeux, qu’elle ne voulait pas faire de mal à notre enfant. Ce qui n’a jamais été un reproche de notre part, cela n’a jamais été mentionné, ni à l’oral ni à l’écrit.
Ce qui m’a laissé totalement perplexe, parce que c’était moi qui avait été blessé dans ce tourbillon, mais j’ai à peine eu des excuses.
Elle a nié les accusations mais elle a tout de même avoué qu’elle avait eu une parole malheureuse à mon égard devant mon enfant, une fois, et qu’elle le regrettait. Concours de circonstance, l’enfant avait rapporté une conversation où j’avais perdu patience et je lui avais dit des choses dures. Je reconnais ne pas être un parent parfait et forcément dans le feu de l’émotion, il était facile de me dépeindre comme un monstre et de me qualifier de tel.
Mon ex a tenté de leur expliquer que leur visite impromptue à son travail n’était pas correcte vis à vis de lui, et son père lui est tombé dessus en lui disant qu’il aurait pu les renvoyer, et qu’il avait bien compris que pour lui, la famille n’était pas au même niveau que son travail.
Le grand-père a insisté qu’il avait lu mon mail, plusieurs fois, et il me demandait ce que je souhaitais tirer de notre discussion, mais leur priorité principale était de savoir s’ils allaient de nouveau avoir le droit de garder notre enfant. Ce à quoi j’ai répondu que pour les vacances d’été actuelles, cela n’était plus possible parce qu’on s’était organisé autrement.
La sœur est intervenue en nous demandant ce qu’on avait prévu pour les vacances, et que si notre enfant était inscrit au centre aéré, on pouvait encore changer nos plans pour les grand-parents. Mon ex n’a pas très bien pris cette remarque, de mon côté je ne voyais pas pourquoi on devrait faire l’effort de s’adapter pour faire plaisir aux grand-parents vu comment ils se comportaient avec nous, enfin surtout moi qui en prenait pas mal dans la tronche.
La décision avait été prise en interne avec mon ex qu’on se passerait d’eux parce que notre confiance avait été altérée. Notre enfant verrait ses grand-parents paternels en présence de son père et il pourra de nouveau passer du temps chez eux seul, lorsqu’il sera assez mature et en capacité de faire la part des choses. J’ai préféré laisser à mon ex le rôle de l’annoncer à ses parents, s’il le fait un jour, en considérant que j’avais assez endossé le mauvais rôle.
Je pensais avoir été assez clair et concis dans l’écriture de mon mail, ce qui m’a plutôt déstabilisé, je me suis senti totalement incompris, j’ai eu l’impression de vivre un procès et j’ai vite compris qu’on n’avait absolument pas compris la source du problème que je pointais. Cette discussion était stérile, on ne se comprenait pas, nous n’étions clairement pas sur la même fréquence et j’ai conclu comme j’ai pu en leur signifiant que je ne souhaitais pas les revoir, sans aucune animosité, mais que nous étions sur des valeurs différentes, sans aucun jugement, et que je leur souhaitais une bonne continuation, que chacun traçait sa route. Il m’a semblé cohérent de ne pas nous imposer mutuellement de se fréquenter vu comment ces derniers événements s’étaient déroulés.
Compte tenu de nos différends, je ne souhaitais plus avoir affaire avec eux, sauf en cas de nécessité. Je pense que ces mots ont été mal pris, et le grand-père a appuyé dessus en disant que c’était moi qui me retirait de leur famille, que de leur côté ils n’avaient rien contre moi et que c’était bien une décision de ma part et pas de la leur. Vu son ton et son insistance, je n’ai pas compris pourquoi cela lui tenait tant à cœur d’insister sur ma décision de me retirer.
Il me semblait évident qu’en tant qu’adultes, nous pouvions ne pas chercher à nous voir sans non plus me prendre au pied de la lettre.
J’ai soulevé la possibilité qu’on serait amené à se recroiser parce que je reste un des parents de l’enfant, mais que cela puisse rester cordial, et la sœur m’a interrompu en soulignant que c’était ma volonté de couper les ponts et que ça ne tenait pas la route. Cette binarité de : avec la famille ou sans, sans aucune nuance, m’a déstabilisé. Je me suis senti en position de choisir d’être avec ou contre, ce qui n’est pas du tout le propos.
J’ai eu un retournement de situation récemment.
Il y a quelques jours, je dînais avec un ami à qui j’ai relaté cette mésaventure avec l’ex belle-famille et il m’a parlé du conflit de loyauté. Je ne connaissais pas ce terme, même si j’ai compris son propos.
Il m’a parlé de sa propre expérience avec son ex-femme. Elle avait usé de ce stratagème pour l’attaquer devant leur fille, le but étant de le faire passer pour le méchant. Çà l’avait mis hors de lui, et il lui avait envoyé un article sur le conflit de loyauté pour lui expliquer que ce n’était pas correct d’agir ainsi.
Après la lecture, elle s’était confondue en excuses et depuis elle fait très attention. Cela a grandement amélioré leur coparentalité.
D’après lui, peut-être que la grand-mère ne s’était pas rendue compte que cela pouvait faire du mal à un enfant à le confronter à un conflit de loyauté, et que si elle ignorait ce que c’était, ça pourrait lui en faire prendre conscience.
J’en ai parlé avec mon ex, qui m’a dissuadé d’envoyer un mail dans ce sens. De son point de vue, c’était une très mauvaise idée et connaissant sa famille, à son avis, ils ne comprendraient pas du tout et que cela serait mal pris.
Mon ami m’avait convaincu, parce que lui, tout comme moi, nous croyons au 1% de chance de positivisme. Je me suis donc décidé à leur envoyer un mail neutre, en leur expliquant que j’avais pu mettre un terme sur une partie de ce qui m’avait chiffonné cet été, par acquis de conscience et en sentant qu’ils n’avaient pas bien compris pourquoi j’étais si remonté à cette période.
En toute innocence, vraiment, je pensais sincèrement bien faire.
J’ai reçu cette fois-ci, un mail de chacun des membres de la famille, la grand-mère y souligne son grand âge et à quel point elle a de l’expérience dans la parentalité, contrairement à moi, le frère et la sœur appuyant sur le fait que j’avais demandé à couper les ponts, que j’étais en tort de revenir à la charge, et que j’étais celui qui n’avait rien compris. Qu’ils allaient ignorer mes prochains mails qui finiront dans la section indésirable voire la corbeille, et que mon numéro serait bloqué à partir de maintenant.
Je ne m’attendais pas du tout à ce genre de réaction.
Je dois avouer que ça m’a un peu secoué, mais au moins ça m’a confirmé que le dialogue ne sera probablement plus possible avec eux. Je me sens tout de même désolé de ne même pas pouvoir m’excuser et leur expliquer qu’ils ont mal interprété mes propos, et que mon intention était toute autre. Peine perdue.
Je ne sais pas encore si je dois me sentir soulagé d’avoir tenté tout ce que je pouvais pour établir et rétablir un dialogue, quoiqu’il en soit, cette fois-ci c’est un petit chapitre que je peux clôturer.
Mise à jour : la grand-mère a écrit à mon ex pour lui dire que j’avais certainement envoyé mon dernier mail en représailles parce qu’il était passé les voir avec notre enfant pendant les vacances d’octobre.
Je n’ai pas les mots.
Bref, ça a été assez éprouvant et c’est une page qui se tourne.
Un soulagement de ne plus être obligé officiellement d’assister aux fêtes de famille, même si ce n’était plus le cas depuis la séparation, surtout dans cette ambiance désagréable où ils font semblant de m’apprécier, ni à devoir supporter les faux-semblants. Je me rends compte que plus je vieillis et plus j’accorde de l’importance aux choses qui ont du sens pour moi, mais l’envers c’est que je deviens également intransigeant sur les choses qui me font perdre du temps —non sans donner une chance, je n’ai pas la science ni l’expérience infuse— et j’ai de moins en moins de scrupules à écarter ce qui me semble futile ou qui soit à l’opposé de ce dont j’ai besoin pour me sentir bien.
J’ai trouvé pertinent d’essayer de relater cette histoire humaine parce que je trouve instructif d’essayer de comprendre ce qui s’est passé, de chercher à savoir ce qui n’a pas fonctionné et en tirer une leçon pour la suite.
J’aime apprendre de mes erreurs ou celles des autres.
J’ai essayé de relater les faits pour avoir une vue d’ensemble.
Les relations humaines et sociales me fascinent, et quand on se trouve dans l’œil du cyclone, il n’est jamais évident de réagir de la bonne manière, il y a des émotions qui entrent en jeu, nos biais, nos interprétations, on ignore comment ça peut réagir en face, ce que ça peut amener ni comment cela va se terminer.
Je suis du genre à pas mal ressasser, prendre du recul, me remettre en cause, analyser, et sur-analyser les événements. En espérant que cela m’apporte des réponses satisfaisantes pour mieux gérer des situations similaires à l’avenir.
Ici, je me suis rendu compte qu’il était parfois futile de chercher à résoudre ce que je considérais comme problématique.
Déjà parce qu’en face on ne partageait pas ma vision et qu’il n’y avait pas de problème pour eux, ou alors il était ailleurs. Puis je me suis rapidement rendu compte qu’on était dans un dialogue de sourds —sans vouloir offenser les malentendants— même en parlant la même langue, la compréhension était malheureusement absente. Ils ne comprenaient pas ce que j’essayais de dire, et de mon côté je n’arrivais pas à comprendre leur raisonnement. J’arrivais à voir leur cheminement de pensée mais il me paraissait tellement illogique et incohérent que cela me laissait démuni face à leurs arguments.
Avec toute ma bonne volonté de dissiper ce brouillard de communication, c’est inutile si en face on ne cherche pas à faire la même chose. Si ce souhait n’est pas réciproque, c’est presque impossible de faire entendre raison ou d’entamer un échange constructif.
N’hésitez pas à réagir dans les commentaires, pour me donner votre avis sur cette mini-série.
Dans quelle team vous reconnaissez-vous ?
Est-ce que cela fait écho à vos propres histoires personnelles ?
Est-ce que vous pensez que j’ai été d’une extrême maladresse, ou que je suis parfaitement en tort ?
Tous les avis peuvent être exprimés et ajoutent du grain à moudre à la réflexion intellectuelle.
Je ne sais pas si c’est juste moi… Mais je suis étonné que leur principale préoccupation soit d’avoir à garder ton enfant.
La famille et l’être-ensemble semble vraiment très forts chez cette ex belle-famille, au détriment et contre l’individualité de chacun.
Je ne peux pas m’empêcher de voir dans ton article leur envie de nuire sous couvert de mythomanie. Et c’est
complètement de l’a priori, mais avec ce que tu dis, cela me donne la sensation que cette famille fonctionne aussi comme ça de manière générale avec ce qui leur déplait.
C’est une impression en tout cas qui me rappelle ma famille. Qui est très être-ensemble aussi et pour laquelle j’ai fini par avoir beaucoup de distance par l’absence d’échange et de compréhension.
En termes de réactions, j’acquisse tout à fait. Je me serais arrêté avant l’envoi du second mail néanmoins. Leurs opinions semblaient déjà sans retour avant, et le fait que tu aies eu cette fois-ci des retours va pour moi dans ce sens. Je comprends l’envie que tu as eue derrière ce mail par contre. Et je suis admiratif de cette croyance de changer les choses en positif.
De mon côté, si j’arrive à me dire heureux et optimiste dans ma vie et dans mes actions. Je suis certainement fataliste en termes d’échanges sociaux. Je filtre énormément mes échanges et mes rencontres. Je veux des échanges avec des gens aux cœurs ouverts. Non sans dire que j’ai déjà trop donné (je n’ai que 25 ans), je ne veux juste pas perdre mon temps à batailler. Je veux passer de bons moments dès le départ, « être bien avec moi-même » en permanence. Je préfère me dire que mon influence avec ceux avec qui j’échange peut avoir une influence positive et passive sur les gens de manière générale.
Ce n’est pas juste toi, ça m’a également choqué que leur seule priorité était de garder leur petit enfant. J’ai essayé de rester factuel le plus possible pour ne pas biaiser mon récit, et j’espère que je ne suis pas trop intervenu. Le but étant surtout d’exposer cette histoire et de l’archiver, pas tant qu’on se range de mon côté ou qu’on cherche à me réconforter.
Ca me rassure tout de même qu’on puisse partager mon point de vue, parce que je me suis vraiment senti seul dans cette tempête et j’avais l’impression d’être le problème principal.
J’ai pu voir que l’être-ensemble, comme tu dis, et l’entre-soi surtout, était très fort chez cette famille.
Ils ont tendance à beaucoup discuter entre eux, sans mettre les autres (nous, quand je faisais encore partie de la famille, par exemple) dans la boucle et sans se rendre compte qu’on se sente exclus. La soeur et le frère faisant souvent appel à leurs parents pour garder leurs enfants, ils habitent dans un même périmètre ce qui facilite la chose.
Je te rejoins sur la mythomanie, mais je vais paraître niais, je ne pense pas qu’ils aient cette volonté de nuire. Je crois qu’ils se rendent absolument pas compte du mal qu’ils font, parce qu’ils sont centrés sur leur bien-être familial et leur modèle à eux, qu’ils considèrent bon et juste.
J’ai pu constater à plusieurs reprises que même entre eux, il y avait des médisances, surtout de la part des parents qui vont critiquer ou se plaindre de comportements de leurs enfants, sans jamais oser rien dire en face. Ce qui me choque personnellement, parce que ça ne résout rien et ça perpétue un cycle vicieux. Par exemple : le frère de mon ex est tout le temps en retard d’une bonne heure ou deux, ça saoule vraiment tout le monde, mais personne pour lui dire que ça dérange et agace. Ils vont juste râler jusqu’à ce qu’il arrive et ensuite faire des sourires.
Je compatis pour ta famille, et je comprends parfaitement la prise de distance quand tu n’arrives pas à instaurer un échange et de la compréhension. Je parle de cette famille, mais la mienne n’est pas mieux et je risque également d’écrire un pavé là-dessus. Prépare le popcorn !
Merci pour ta compréhension sur mon second et dernier mail. Mon ex n’est pas le seul à avoir tenté de me dissuader, mais ça fait malheureusement (ou non) partie de ma personnalité de donner une chance, même si elle est infime. Je me mets de l’autre côté, et je me dis que j’aimerais qu’on me laisse une chance de m’expliquer surtout quand c’est simplement un malentendu. Ce qui est triste, c’est que ça se trouve que toute cette histoire était un énorme quiproquo basé sur des mensonges de mon enfant, mais vu le déroulement totalement pété d’une recherche de solution, c’est juste révélateur d’un nid de problèmes encore plus énormes dont je souhaite m’éloigner.
C’est très mature de ta part, l’âge ne veut pas dire grand chose mais pour avoir pu échanger avec toutes sortes de profil, 25 ans c’est encore jeune, sans vouloir t’offenser, et c’est d’autant plus admirable si tu as déjà cette philosophie pour le bonheur et l’optimisme, et cette lucidité à filtrer tes échanges pour ne pas perdre ton temps.
Je crois aussi à l’influence qu’on peut avoir en donner du positif autour de soi, et que ça répande du bon, même si c’est à notre échelle.