Du vendredi 31 octobre au dimanche 2 novembre 2025, s’est déroulée à Lyon, une convention autour de l’origami.
Grâce à Virgile, j’ai eu vent de cette information et j’ai pris mes billets il y a plusieurs mois en ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre. Une seule chose était certaine : mon amour du pliage de papier. C’est ainsi que je me suis lancé dans l’aventure de ce long voyage et ce week-end rempli !
Pour commencer, je vais tout d’abord faire un récapitulatif du programme et du planning avant d’entrer dans les détails de ma propre expérience du séjour.
La convention se déroulait sur 3 jours, les ateliers commençaient à 10h et se terminaient à 19h30, sauf le dimanche à 17h30 pour la clôture. C’était au Centre International de Séjour de Lyon, où il était possible de loger directement sur place (chambre simple, double, avec douche, WC, petit déjeuner compris, etc.)
Un planning nous a été envoyé avec les différents ateliers programmés : il y avait 4 salles dédiées d’une capacité de 25 personnes maximum chacune, ce qui limitait la participation pour les modèles populaires. J’ai cru comprendre qu’auparavant, un système de pré-inscription était en place mais cela pénalisait trop les nouveaux parce que les emplacements étaient rapidement complets. Le principe est maintenant simplifié : premier arrivé, premier servi. Ce qui implique de venir attendre en avance devant la bonne salle si on souhaite absolument faire un modèle. Tant pis pour les retardataires.
4 salles disponibles signifie 4 ateliers par créneau, donc il fallait choisir un atelier sur les 4 proposés par créneau. Chaque atelier durait 2h30 environ, avec une pause pour le déjeuner entre 12h30 et 14h avant la reprise des ateliers, et une pause pour le goûter de 16h30 à 17h30, durant laquelle la boutique Origami Shop qui occupait une autre salle, ouvrait ses portes.
Le soir, de 21h à 22h, des conférences étaient prévues et quartier libre jusqu’à 23h30 pour ceux qui souhaitaient continuer de plier jusqu’au bout de la nuit.
Le jeudi après-midi, l’Organisation des Origamistes de Rhône-Alpes et d’Ailleurs (OORAA) avait proposé une balade guidée de la ville de Lyon pour les intéressés. Au programme : visiter les traboules, la cathédrale Saint-Jean, la basilique Saint-Pierre et le théâtre antique. Je n’ai pas pu y être parce que j’arrivais tard le soir, mais c’est une très belle initiative !
Le planning existe en format pdf beaucoup plus visuel.
Ici, j’ai fait une version texte récapitulative avec les liens vers les différents comptes pour pouvoir retrouver les artistes et les modèles, dans la mesure du possible.
Vendredi 31 octobre 2025
[10:00 – 12:30]
Polar Bear Orca – Steve De Clercq
Cat – Tetsuya Gotani
Cardinal Frog Crocodile – Mister Fold (Sébastien Limet)
Whale Shark – Marc Vigo
[14:00 – 16:30]
Hen – Zhang Ziliang
Donkey – Daniel Chang
Crow – Peter Buchan Symons
Hamster – Katsuzaki Yuta
[17:30 – 19:30]
Pentagonal flowers – Dasa Severova
Totem – Anicé Claudéon
Cat – Oriol Esteve
Bear – Eliot.ori
*
Samedi 1 novembre 2025
[10:00 – 12:30]
Duck Race – Herman Van Goubergen
Owl – Bodo Haag
Gingerbread man – Hubert Villeneuve
Book folding – Alizée Glasser
[14:00 – 16:30]
Crab Part 1 – Eliot.ori
Squirrel – Daniel Chang
Gorilla – Katsuzaki Yuta
Horse, Elephant – Zhang Ziliang
[17:45 – 10:30]
Crab Part 2 – Eliot.ori
Crocodile – Nicolas Terry
Dragon – Peter Buchan Symons
AI assisted origami design – Swann Henaux
*
Dimanche 2 novembre 2025
[10:00 – 12:30]
Racoon – Zhang Ziliang
Comple faces – Daniel Chang
Gorilla – Katsuzaki Yuta
Whispering Darkness – Peter Buchan Symons
[14:00 – 16:30]
Firebreathing Dragon – Pierre-Yves Gallard
Mask – Ynon Toledano
Kingfish – Naoki Terao
Je vais tenter de retranscrire de manière très maladroite les différentes conférences qu’il y a eu.
Il est très probable qu’il y ait des erreurs et des mésinterprétations, ma mémoire n’étant pas infaillible. N’hésitez pas à me le signaler dans les commentaires si c’est le cas, et je corrigerai.
Le vendredi soir, Peter Buchan Symons a parlé de son ressenti par rapport à l’origami, ainsi que sa réflexion personnelle sur la direction qu’il prendrait dans le futur.
Il a cité une phrase de Nicolas Terry « The spectacle is still there, but amazement has faded. »
Il a présenté quelques pliages traditionnels et simples qui étaient les meilleurs à ses yeux, parce qu’ils sont ceux que tout le monde connaît, qu’ils sont mémorables, qu’ils transcendent le temps, qu’ils sont faciles et facile à transmettre : la cocotte et le shuriken, par exemple.
Les proches à qui il présente ses créations et qui ne sont pas initiés, ont tendance à poser 3 questions récurrentes : combien il y a t-il de feuilles pour réaliser son modèle, s’il a découpé le papier, et est-ce qu’il a utilisé de la colle. Cela questionne sur le côté puriste de la pratique et ce qui définit ou non l’origami.
Lorsqu’il a réalisé le modèle « Whispering Darkness » il a été surpris que les gens l’aient questionné pour la première fois sur le sens de son oeuvre, et non sur la technique. Ca lui a fait réalisé qu’il arrivait transmis quelque chose de différent, une réaction du spectateur.
Cette approche nouvelle l’a fait pas mal réfléchir sur ses prochains modèles qu’il pourrait créer.
La conférence de Daniel Chang faisait également écho à cette volonté de faire ressentir des émotions. Elle s’intitulait « Mask to faces » et nous interrogeait sur ce qui différenciait les masques des visages, et qu’il cherchait à faire passer des émotions via les visages qu’il sculpte dans ses créations. Il s’essaye également à de nouveaux supports comme les mailles en métal d’une passoire ou un gobelet en papier Starbucks pour faire passer un message, une émotion ou une réflexion.
Il expliquait que lorsqu’il avait l’occasion d’exposer dans des galeries, les visiteurs avaient tendance à ne pas s’attarder sur ses œuvres parce qu’ils pensaient que c’étaient des sculptures anodines, ou en papier mâché. C’est seulement lorsqu’il expliquait que c’était de l’origami qu’ils prenaient la peine de s’arrêter pour observer, questionner, et trouver impressionnant la prouesse technique du pliage d’une simple surface de papier, que c’était difficile à croire qu’aucune découpe n’avait été faite.
En reproduisant le visage de Gandalf dans la fameuse scène du Seigneur des Anneaux, il nous a raconté le défi technique que c’était de réussir à reproduire la même intensité avec la contrainte de la barbe qui occupait une grande partie de l’ensemble.
Lorsqu’il a fait son modèle de l’ours, il a eu des retours qui lui disaient qu’ils avaient envie de lui faire un câlin pour le réconforter. Il avait réussi à transmettre une émotion. Lors de sa visite à un musée où il a pu observer les sculptures de Franz Xaver Messerschmidt, il a été inspiré par ces têtes aux expressions exagérées et disposées en cercle vers l’extérieur, pour que les visiteurs puissent en faire le tour. Il a été amusé que le public tente de reproduire les grimaces au fur et à mesure qu’ils découvraient les têtes. Il a trouvé le spectacle hilarant à observer et il s’est mis au défi de reproduire ce genre de visage en papier.
Le samedi soir, nous avons eu une conférence de Yuta Katsuzaki, Eliot.Ori et Nicolas Terry.
Yuta Katsuzaki, né en 1999, nous a fait une présentation rapide de ses origines, sa ville natale, les paysages dans lesquels il a grandi et ses inspirations lorsqu’il a découvert l’origami : Jun Maekawa avec les deux livres Viva Origami et Genuine Origami, ainsi que Satoshi Kamiya. Il nous a également parlé de son travail de designer et créateur d’emballages et l’influence sur ses créations en origami. Il met l’accent sur la haute reproductibilité (high reproductibility). Il souhaite que ses modèles soient reproductibles, pliables à l’identique, et il s’oriente à revenir sur des formes plus polygonales, à simplifier tout en gardant la cohérence et qu’on puisse continuer à reconnaître les sujets choisis.
Ils nous a ensuite parlé des expositions qu’il a pu organiser au Japon, notamment à Ôsaka et les suivantes qu’il prévoit ainsi que des futurs projets avec son groupe d’amis origamistes Yotsukado.
Eliot, né en 1999 également, nous a parlé un peu de lui, de sa première fois à la convention lorsqu’il avait 10 ans et depuis 2010 il est présent au rendez-vous chaque année. Il nous a présenté comment il créait ses modèles en parlant des principes de « 22.5° » et « box pleating ». Il a comparé le 22.5 à des parapluies et a pris en exemple Anicé s’il devait créer son modèle en origami, en remplaçant chaque partie de son corps par des parapluies. Il a expliqué ses étapes pour convertir tous ces parapluies en cercles, demi cercles, ou quart de cercles, à rentrer dans une surface carrée.
Puis lier les parapluies entre eux grâce à des molécules qu’il appelle « poisson » ou « doigt » pour former un pattern cohérent. Il utilise Box Pleating Studio et s’aide du site de Satoshi Kamiya pour faire les calculs de ses Crease Pattern (CP).
Sa préférence va pour le « 22.5 » mais cela implique de réfléchir en molécules.
Le « box pleating » est plus pratique pour rendre les formes en piques.
D’après une question du public, il a répondu qu’il ne créait pas à partir de référence particulière, parce qu’il ne cherche pas à reproduire à l’exactitude, mais plutôt en se basant sur sa mémoire et son idée de ce qui constitue un animal ou un sujet. Si on prend l’exemple du chat et du lynx, on sait les différencier mais il est difficile de décrire exactement leurs différences : il va donc modifier le modèle au fur et à mesure pour lui donner les attraits du lynx et s’éloigner du chat.
Nicolas Terry nous a partagé son point de vue sur ce qu’il percevait comme être de l’art. A ses yeux et pour lui, il faut que ces trois conditions soient réunies : le fait d’être silencieux, aligné et immobile. Fatigué des débats sans fin sur internet sur la question de l’art et de l’origami, ainsi que la négativité qui en découle. Il a tout simplement voulu nous faire part de sa piste de sa perception et son appréciation de l’origami. Il n’a pas voulu utiliser le mot émotion, parce que pour lui c’est incompatible avec l’immobilité. C’est le bonheur du moment présent et l’amour qu’on met dans la création d’un pliage. Il a fait le parallèle avec un bon plat maison préparé avec amour et un plat industriel à réchauffer. Quelqu’un a posé la question très pertinente qu’en nous disant tout cela, il orientait également le choix des prochaines publications qu’il ferait. Il a alors expliqué qu’il ne publiait pas que des artistes accomplis, mais parfois il faisait le choix de mettre en avant un artiste en devenir et prometteur sur le devant de la scène.
Après cette longue introduction, je vais parler de mon expérience personnelle de ces quelques jours intenses.
Tout d’abord, partant de Rouen pour aller à Lyon, j’ai fait le choix de prendre une chambre sur place pour pouvoir profiter pleinement de toute la partie nocturne de la convention et aussi d’être plus serein au niveau des horaires. Le lieu était juste parfait en terme de praticité. C’est un confort non négligeable d’avoir sa chambre à quelques mètres des ateliers. J’ai choisi une chambre avec douche et lavabo compris, mais pas les toilettes. Ce n’était pas du tout gênant puisqu’elles étaient au même étage. Les serviettes et savon n’étaient pas fournis, un mail avait été envoyé plusieurs jours avant pour rappeler les dernières informations et pour ne pas oublier ce détail.
Arrivé le vendredi matin aux alentours de 9h15, j’ai pu aller récupérer un badge sur lequel j’ai écrit mon prénom/pseudo/réseau social, et une boîte en carton à plat à plier qui permettra de ranger les futurs pliages. J’ai pris ça comme un premier défi à relever et un exercice d’échauffement !
C’est une super idée de fournir une boîte de transport, je me demandais justement comment j’allais ramener les origamis chez moi sans les abîmer lors du trajet de retour.
J’ai commencé par l’atelier de Tetsuya Gotani et son chat à 10h. On s’installe dans la salle qui fait très école, ça m’a rappelé mes jeunes années avec l’ambiance scolaire. J’ai commencé à paniquer parce que je n’avais absolument rien ramené comme matériel pour faire des pliages, mais heureusement tout était prévu. Le papier était fourni, même si on pouvait utiliser son propre papier. Chacun a pu choisir la couleur qu’il voulait et je ne connais absolument pas les différents types de papier mais je crois avoir entendu que c’était du shadow thaï de 35cm. Je peux affirmer que je n’avais jamais eu l’occasion de plier sur un papier aussi chic, beau, et agréable. Je ne me souviens même plus la dernière fois que j’ai plié un modèle sérieusement. Certainement il y a plus de 15 ans !
L’atmosphère est studieuse, le professeur nous explique les étapes une à une, il passe vérifier si tout le monde suit, si on a des questions et si on a besoin d’aide. De temps en temps, on copie un peu sur son voisin, on demande de l’aide, ou confirmation si on a bien compris l’instruction. On peut aussi demander directement au professeur de réexpliquer et de passer nous voir si on est vraiment bloqué. Il n’y a pas de pression. On attend parfois que tout le monde ait terminé la séquence de plis.
Le modèle est plutôt simple, parfait pour s’échauffer, et c’est une belle base qui laisse la place à l’expression. L’atelier finit plus tôt que l’heure prévue. Tout le monde applaudit pour remercier l’enseignement. En attendant la pause déjeuner, les amis qui se connaissent déjà se regroupent, je jette un oeil aux chats des autres, je suis émerveillé par l’interprétation et l’expression de la créativité de chacun. Virgile me dit qu’il a du mal à croire qu’on a suivi le même cours lorsqu’il voit le chat modifié d’un autre participant. C’est tellement intéressant de voir que chacun ait pu personnaliser son chat à sa sauce : l’un a étiré et affiné le sien, tandis que l’autre l’a gonflé comme s’il avait de longs poils. La journée n’a fait que commencer et j’ai le sourire aux lèvres.
Le CISL a un restaurant et il est possible de manger à la cantine le midi et le soir. Il n’y a aucune obligation et on paye notre repas à part. Il y a des menus entrée, plat, dessert à partir de 13€. Les repas proposés ne m’inspiraient pas particulièrement, du coup je me suis rendu au LIDL à quelques minutes à pieds pour faire quelques courses rapides. Seul bémol, on n’a pas le droit d’apporter notre nourriture dans la cantine.
Reprise des ateliers à 14h pour faire la corneille de Peter Buchan Symons. Quelques étapes complexes mais tout le monde est bienveillant, j’arrive à suivre mais malheureusement, les 2h30 ne suffiront pas pour terminer le modèle. Peter nous explique rapidement, en rognant un peu sur le temps de pause, les quelques détails simplifiés pour nous permettre d’avoir un modèle presque fini et présentable. On nous a fournit un papier noir biotope.
Durant la pause, je découvre la boutique Origami Shop qui avait prévenu qu’elle ne ramènerait qu’un échantillon de livres et de papier, mais c’est avec des étoiles plein les yeux que je découvre un large choix de livres divers, chinois, coréen, japonais, avec des diagrammes de modèles magnifiques de toutes sortes, allant de fleurs, aux insectes, aux formes plus complexes. La mise en avant de livres dont les auteurs sont présents à la convention pour pouvoir les faire dédicacer ! Le choix du papier est hallucinant, je n’imaginais même pas tant de types de papier différents, il y en avait de toutes tailles, pour tous les goûts. Je suis décidément dans l’antre des passionnés d’origami et qui pratiquent cela de manière très sérieuse.
J’en profite pour acheter mes premiers papiers d’origami : un simple bloc de papier origami japonais une face blanche et l’autre couleur, pour offrir à un ami que j’ai initié récemment au plaisir des modulaires.
17h30, j’hésitais entre les fleurs de Dasa Severova et l’ours d’Eliot, au final je me suis tourné vers l’ours. J’ai eu quelques difficultés parce que je n’ai absolument pas l’habitude de plier sur des feuilles aussi grandes, et encore moins de faire des grilles de pliages. On est parti sur une division part 5 puis 10, et j’ai clairement été à la traîne sur les plis préparatoires. Heureusement, mes voisins de table ont pu m’aider parce que j’ai redemandé des explications à plusieurs reprises. J’ai commencé à suer sévère sous le stress et la pression de perdre le fil, retarder toute la classe, et ne pas pouvoir terminer le modèle… Je crois que le papier de base fourni était du tant.
Après le dîner, les conférences ont malheureusement pris du retard, elles ne commenceront que vers 21h45 au lieu de 21h. J’ai été impressionné de l’accessibilité linguistique mise en place, il y avait un membre du staff qui assurait la traduction anglais-français puisqu’il y avait des invités anglophones mais également des participants non francophones. La conférence et les questions-réponses étaient traduites. Certains se sont plaints de la longueur à cause du temps pris pour traduire. Cette partie est perfectible, mais j’ai trouvé ça formidable qu’on prenne la peine d’assurer la compréhension de tout le monde des sujets abordés.
Après la fin des conférences, les salles étaient laissées ouvertes jusqu’à minuit environ. Les oiseaux de nuits pouvaient continuer à plier dans les espaces communs mais la consigne prioritaire était de ne pas déranger le sommeil des autres.
Je n’ai pas trop osé m’incruster dans les groupes d’amis déjà formés, et pris dans des conversations animées autour du papier qu’ils fabriquaient eux-mêmes. J’ai essayé de finir ma corneille en prenant pour modèle les corneilles faites par Peter et qui étaient exposées, mais passé minuit, mon cerveau n’arrivait plus à rien et je restais bloqué sur le pliage symétrique d’une aile depuis plus de 20 minutes sans succès. J’ai finalement préféré être plus raisonnable et aller me coucher pour attaquer la journée suivante.
Petit déjeuner compris entre 7h et 9h. Réveil vers 8h.
Relativement bien dormi malgré la chaleur dans les chambres. J’ai fini par couper le chauffage et ouvrir les fenêtres pour aérer. J’ai apparemment eu de la chance parce qu’elle donnait côté cour intérieure. Certains ont malheureusement été dérangés par la nuisance sonore côté rue avec le tramway et les voitures. On était pas forcément dans le quartier le plus calme de Lyon.
Je commence la journée en douceur avec l’atelier d’Alizée Glasser et le pliage de livre.
Le principe est de plier les pages dans un livre, une à une, pour former un motif sur la tranche. Chacun avait une feuille préparatoire avec le design simplifié du motif en accord avec le nombre de pages du livre fourni sur notre place. Bravo à Alizée pour tout le travail de mise en place de l’atelier.
Le principe a l’air super simple, mais nécessite tout de même quelques règles et étapes à respecter. Je me suis trompé à un moment mais j’ai pu corriger avant de plier. Ce n’est pas très compliqué une fois que les consignes ont été suivies et respectées, mais c’est surtout long et répétitif. On avait des vieux romans japonais qui étaient destinés à partir à la poubelle.
L’après-midi, je voulais absolument faire le crabe d’Eliot qui prenait deux créneaux à cause de sa complexité. J’ai sué et j’ai eu pas mal de retard, en plus d’avoir pas été assez précis dans mes plis, ce qui fait que le résultat final était vraiment pas terrible. Merci mille fois à la patience, la pédagogie et la gentillesse d’Eliot, que j’ai interrompu plusieurs fois durant l’atelier.
Au final, on a dû réaliser les 3/4 du crabe de 14h à 16h30 et lors de la seconde partie du cours, on avait presque fini au bout de 30 à 45 minutes. On a plié sur du papier soie métallisée pour que le crabe puisse garder les plis à la fin. Il parait que ce n’est pas le papier préféré des plieurs.
On a pu prendre une photo de groupe avec tous les crabes tout petits à côté de celui qu’Eliot avait plié sur du papier d’un mètre pour pouvoir mieux nous montrer les explications.
Le dernier soir, après les conférences, quelqu’un a montré un modèle de « poule out » qu’il avait inventé. J’étais complètement perdu à la dernière étape alors que le pliage n’est globalement pas compliqué. Le mur auquel j’étais confronté parce que je ne plis pas du tout au cours de l’année, comparée aux autres participants, était particulièrement douloureux. J’avais vraiment honte d’être là.
Néanmoins, l’ambiance autour d’une table avec tout le monde attentif à un pliage, c’est vraiment quelque chose. Pendant ce temps, certains se faisaient des défis avec un modèle à inventer en 5 minutes avec un petit carré sur un mot-clé donné. Virgile était en train de faire ses devoirs pour le lendemain : le gorille de Katsuzaki Yuta demandait de faire des pré-plis pour gagner du temps durant le cours. J’allais aller me coucher quand j’ai vu que Daniel Chang donnait une leçon de rattrapage de son écureuil en wet folding à quelques élèves dans les parties communes ! C’était tellement beau de voir ce moment de partage et de transmission de savoir.
J’ai pas veillé longtemps parce que je tombais de fatigue.
Dimanche et dernier jour. Je commençais fort en choisissant d’aller faire le « Whispering Darkness » de Peter. J’ai longuement hésité avec le raton-laveur de Zhang Ziliang.
Etrangement, on n’était pas nombreux au cours de Peter, et lui-même a prévenu qu’il était fortement probable qu’on ne finisse pas, mais qu’on ait au moins la partie la plus simple de terminée. Il a gentiment suggéré aux personnes qui pensaient s’être trompées de salle, de partir pendant qu’il était encore temps. La sympathie et la bonne humeur de Peter m’a convaincu de rester. Colin a peut-être eu pitié de moi en voyant la détresse dans mes yeux, malgré mon choix, j’étais pas hyper rassuré de ma capacité à suivre et il a été assez gentil de s’asseoir à ma table, et fort heureusement parce que j’ai été largué à plusieurs reprises. Eliot est venu nous rejoindre, je ne pouvais pas être mieux accompagné et soutenu dans cette épreuve !
Après la pause déjeuner, dernier cours : je me tourne vers le dragon qui crache du feu de Pierre-Yves Gallard. On s’est entraîné sur du papier origami japonais dit « kami » sur une séquence de pli retourné un peu complexe, avant de commencer notre dragon sur du joli papier shadow thaï.
Il y a eu quelques plis que je n’avais pas du tout l’habitude de faire et d’autres où j’ai pris du retard, ce qui fait qu’à plusieurs moment, j’ai fait qu’un seul côté du dragon et j’ai sué pour rattraper tout le reste. J’ai même dû abandonner certaines parties pour ne pas prendre trop de retard et perdre totalement le fil, pour demander de l’aide à la fin pour compléter. Merci à mon voisin de table Rémi d’avoir été là pour m’aider. C’était pas super agréable et je me suis senti clairement trop nul à pas réussir à suivre comme tout le monde. Ce qui compte, c’est que le dragon ait été réalisé.
La convention s’est terminée tranquillement. Les gens commençaient à partir au compte goutte, faire le tour des au revoir.
Il y avait une salle dédiée aux expositions. Chaque participant pouvait présenter et exposer ses modèles sur un bout de table pendant la durée de la convention.
Il y avait de très belles choses dans des techniques différentes et variées : des tessellations, des modèles originaux hyper détaillés jusqu’au bout des doigts, des figures en mousseline, des fleurs, des insectes, ou des choses plus simples et ludiques.
Un des plus jeunes participants avait 10 ans et il avait un niveau de pliage délirant.
J’ai adoré découvrir les modèles issus des ateliers que je n’ai pas pu faire, échanger de vive voix avec plein de gens de tous horizons passionnés d’origami, apprendre de nouvelles choses et prendre des conseils pour progresser. On m’a donné des explications pour créer son propre papier à plier avec du rouleau de papier en fibres de mûrier, du méthylcellulose et une plaque lisse sur laquelle faire sécher le tout. Quelqu’un a même suggéré du carton sur lequel on aurait appliqué du plastique protège-cahier, de sa propre expérience ça fonctionne super pour commencer et si on ne veut pas trop investir financièrement. Il a également montré un bloc de feuilles à dessin détachables en format A3 de 45 g/m² qui peut revenir moins cher que d’acheter ses premières feuilles plus qualitative à plier.
J’ai saisi l’occasion d’être accompagné sur des modèles complexes que je n’aurais pas pu faire tout seul, mais aussi de découvrir les papiers différents en les utilisant pour plier, tout au long de la convention. C’était une super introduction pour moi, dans l’énorme terrier à lapin qu’est l’origami.
Il y avait un concentré de personnes talentueuses, douées et une émulation folle.
J’ai eu écho que c’était l’une des conventions avec le plus haut niveau de complexité en France, et peut-être en Europe.
Si j’avais des remarques à faire pour chipoter : j’ai trouvé un peu dommage qu’il y ait des ateliers qui ne permettaient pas de terminer le modèle indiqué. Ca laisse un sentiment inachevé avec un peu de déception.
La plupart des modèles de Peter choisis étaient très complexes mais c’est aussi ce qui les rendaient intéressants. Le gorille de Yuta Katsuzaki était également hyper complexe puisque malgré la préparation en mode devoirs de pré-pliage avant le cours et la projection d’une vidéo pour aider, le modèle était loin d’être terminé. Il y avait également le crocodile de Nicolas Terry qui n’a pas pu être terminé, mais le diagramme a été fourni pour que les participants puissent le finaliser chez eux.
Ce n’est pas évident de constituer un planning qui tienne la route, et c’est difficile de jauger du temps nécessaire à enseigner et réaliser un modèle complexe à une classe de 20 élèves pas forcément aussi bons que l’enseignant. Je ne vais certainement pas jeter la pierre aux organisateurs qui ont tout de même fait un travail colossal.
Les conférences gagneraient en temps à être sur-titrées via le projecteur, ou à être un peu plus préparées en avance pour la partie traduction en français/anglais.
Il a été discuté de remettre sur le planning des moments plus conviviaux et d’échanges entre les participants, notamment une salle de pliages libres où tout le monde pourrait enseigner et partager un modèle, de manière plus décontractée que les ateliers. Ca devrait être mis en place l’année prochaine !
Observation entièrement personnelle : je pense que selon la pédagogie des ateliers, le type d’explications, et les personnes qui sont assises à côté de nous durant la session, cela peut totalement nous bloquer et nous faire passer un moment désagréable lorsqu’on est un peu perdu. Comme c’était ma première fois, j’ai peut-être eu tort de choisir que des ateliers complexes. Certains étaient plus raisonnables en choisissant des modèles réalisables de leur niveau, pour être sûrs de pouvoir le terminer. Au lieu de faire comme moi et suer des litres dans la crainte de tout foirer et n’avoir que mes yeux pour pleurer.
J’en retiendrai les applaudissements après chaque fin d’atelier et le doux bruit du papier plié par plusieurs personnes en même temps, que ce soit durant les ateliers ou pendant les conférences. C’était si amusant de voir certaines personnes plier tout ce qui leur tombaient sous la main.
Pouvoir côtoyer autant d’artistes formidables au même endroit avait quelque chose de magique, et c’était vraiment inspirant de voir les limites du pliage ainsi repoussées de ses propres yeux. C’était une chance de pouvoir échanger avec les créateurs de modèles impressionnants vus sur internet.
Une claque pour certains, une leçon d’humilité pour d’autres.
C’était vraiment un moment spécial qui réunissait un beau monde autour de la passion du papier et du pliage !
Conclusion et total des frais : le prix était de 99€ (prix préférentiel avant septembre) pour les 3 jours avec au minimum 7 ateliers de pliages, dont des masterclass de qualité. Le prix de la chambre à 62€ pour 2 nuits, et le trajet en train à 110€… J’ai pu économiser un chouïa en étant hébergé jeudi et dimanche soir pour avoir des billets abordables. C’est un certain budget que j’ai pu espacer sur plusieurs mois.
Si on prend en compte le papier fourni, tout le savoir transmis et l’expérience humaine.
Je ne regrette absolument pas d’avoir fait le déplacement !
En toute sincérité, je recommande chaudement cette convention à l’allure de séminaire intensif.
Peut-être que mon compte rendu convaincra ou dissuadera des potentiels intéressés ?